Je suis bel et bien atteint par le virus mycologique
24 mai, des galères de paperasses me conduisent à Bras Panon. Avant de partir, j'ai pris soin d'emmener mes affaires de terrain (la route des palmistes n'est pas loin).
Après le repas, c'est parti ! Je roule sur la D54 qui part de Saint-Benoit et va se perdre dans la montagne. Je m'arrête au niveau d'un arrêt de bus. Au-dessus de moi un couple de Papangue (Circus maillardi) est en plein feston (parade). Le mâle n'hésite pas à voler la tête à l'envers.
Quelques centaines de mètres plus loin, je me gare au niveau d'une ravine (j'ai compris que ces endroits sont propices au développement des champignons grâce à l'humidité qui y règne). Dans ma poche, j'ai prévu la lotion anti-moustique (là où c'est humide, il y a des moustiques), on apprend vite.
A peine quelques mètres dans le sous-bois et déjà les champignons se bousculent sur les branches comme sur les graines tombées au sol. Plus loin, je suis attiré par deux gros arbres morts tombés au dessus de la ravine dont l'espèce ne nous est pas encore connue.
De loin, je vois qu'ils sont colonisés par un champignon lignicole (qui se développe sur les arbres).
Les gros arbres morts sont d'excellents supports pour les champignons. En y regardant de plus près, je ne suis pas déçu. Le tronc et les branches sont gavés de multiples espèces dont plusieurs Xylariaceae. Alain Gardiennet a récemment découvert une nouvelle espèce pour la science, Hypoxylon gibriacense (Hypoxylon de Gevrey) sur la réserve naturelle de la Combe Lavaux - Jean Roland où je travaillais.
Certains sont recouverts d'une autre famille de champignons, les Nectriaceae (minuscules boules rouges) du genre Cosmospora. Je prélève en toute petite quantité. Je ne sais pas si ces petits trésors peuvent attendre avant leur départ.
Cette sortie sera aussi l'occasion de trouver un Hysteriaceae dont le nom de genre est Lophodermium mais dont l'espèce nous est toujours inconnue. Le support végétal un Bambou (Dendrocalamus sp.).
Voilà un endroit où je me verrais bien assurer un suivi complet si j'en avais les compétences et si j'avais le matériel.